OCTOBRE ROSE x ALTRAD COFFRAGE & ETAIEMENT

Découvrez le témoignage d'Emmanuelle Cheyroux, chargée de recouvrement chez Altrad Coffrage & Etaiement.

Diagnostiquée d’un cancer du sein à l’âge de 34 ans, Emmanuelle est une femme pleine de vie qui souhaite parler de son expérience pour transmettre un message fort :

sensibiliser toutes les femmes et les hommes au dépistage et surtout à la palpation, peu importe l’âge.

C'est grâce à la palpation qu'elle a pu agir.

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Bonjour Emmanuelle, comment vas-tu ?

Je vais bien et vous ? 
Les médecins vous diront "Emmanuelle est en rémission de son cancer", moi je dis, j’écris et je persiste : je suis guérie. Psychologiquement le mot guérison donne une fin à ce chapitre de ma vie. Le mot rémission laisse planer le doute.
Il y a 6 mois je passais enfin les 5 ans, c’est le délai qu’on nous donne. Si vous passez les 5 ans la rechute est potentiellement moins possible. Le suivi médical disparait mais pour me rassurer je continuerai des petits rendez-vous annuels avec mon généraliste. On m’a trop souvent répété que j’étais trop jeune.

Raconte nous ton histoire.

Février 2016, un dimanche matin je faisais ma vaisselle. Nous avions mes beaux-parents à la maison, ma fille venait de fêter ses 3 ans. Nous habitions en Alsace. Pendant cette activité, il y a eu un arrêt dans le temps. Je ne pourrai pas l'expliquer autrement. Comme si quelqu’un m’avait pris la main et m'avait posé le doigt sur le haut de mon sein gauche en insistant sur une zone.

(Vous trouverez ça complétement irréaliste et fou et c’est pourtant grâce à ce « phénomène » que je suis là pour vous raconter mon expérience). Evidemment sur cette zone j’ai senti une boule mais tellement petite… j’ai un frisson qui m’a parcouru tout le corps et une forme d’angoisse s’est installée.
Trois mois auparavant je perdais une amie, 37 ans, 2 enfants, d’un cancer du sein. J’ai vu comme la maladie pouvait vous amoindrir, vous ravager et vous tuer ! Dans ma tête je revoyais son visage, les derniers moments passés avec elle et je me répétai sans cesse, c’est pas possible, c’est pas ça je me stresse pour rien.

La matinée fut très longue, rongée par cette incertitude.. Je finis par en parler à mon mari et je lui demande de me confirmer ce que j’avais supposé sentir. Il me demande par précaution de prendre rendez-vous avec notre généraliste, de ne pas tarder car j’étais du genre : tant que je ne suis pas par terre à l’agonie, pas de médecin. Le lundi soir ma généraliste trouve quelque chose mais pas inquiète (ce que je crois en tout cas), elle me dit encore : "c’est tellement petit qu’il fallait vraiment tombé dessus". Mais bon, elle me tend une ordonnance pour une mammographie et me demande de ne pas tarder.

Je réussi à avoir un rendez-vous rapidement. Le médecin ne riait pas avec ses probabilités de cancer. Mon mari voulait m’accompagner, j’ai refusé prétextant qu’il n’allait pas me tenir la main pour une radio. Et là, le cauchemar commença.

Finalement je me suis retrouvée deux heures dans ce cabinet : 2h d’angoisses, de pleurs, d’incompréhension totale. J’ai eu le droit  à toute la panoplie : mammographie, échographie, biopsie. J’ai détesté ce radiologue, pourtant il m’a fait gagné quelques semaines (les résultats mettent environ 10 jours à arriver). Il m’a répété en boucle que la maladie se soignait bien, que je devais appeler urgemment le centre qui me prendrait en charge, un mode de garde pour mes enfants...

Les rendez-vous se sont donc enchainés, pas le temps d’accuser le coup, il faut agir, agir vite. Je gardais espoir avec mon mari  d’avoir un traitement « léger », d'une toute petite tumeur ne devrait pas poser trop de problème… Dommage nous apprenons qu’il y a différents cancers, plus ou moins agressif à différents stades et degrés. J’ai un cancer agressif, je suis jeune donc traitement important.

On m’annonce donc le protocole de soins, à savoir que celui-ci peut évoluer, ce fut mon cas. Protocole de base : chimiothérapie, chirurgie de la zone tumorale, rayons, multi-injection sur 18 mois, hormonothérapie. Ce protocole c’est notre passeport vers la rémission, c’est une sécurité. Je savais où j’en étais, où ça me menait.

Arrivée à la petite intervention chirurgicale, je suis heureuse de me faire enlever mes petit points. Et là, ma chirurgienne me demande de m’asseoir. La chimio a très bien fonctionné mais des cellules pré-cancéreuses ont été retrouvées sur plusieurs découpes. Elle avait beaucoup d’empathie pour ses patientes et elle voulait nous savoir en sécurité. Elle me demande mon accord pour une ablation totale. C’était ma seule chance de retrouver une vie sereine car elle savait que la partie était perdue d’avance si je refusais.

J’ai décidé avec mon mari que je subirai à quelques mois d’intervalles l’ablation des deux seins. Je ne voulais pas me confronter de nouveau à l’annonce de la maladie, à ces protocoles, à ce stress. J’ai eu le courage d’affronter toutes les épreuves avec le sourire, avec une pêche d’enfer car il était hors de question que je sois envahie  quotidiennement par cette grosse fatigue, ces nausées, ces maux..

Les chirurgies ont été faites comme prévu, ablation avec reconstruction immédiate. Cette technique n’est pas proposée à toutes les femmes, il y a différents critères. J’ai pu rentrer dans cette catégorie. Cela m’a permis un traumatisme différent. J’ai eu l’impression de subir une petite opération, je suis ressortie avec mes nouvelles prothèses tout de suite. Je ne regrette pas mes choix, et surtout d'avoir écouté l’équipe médicale qui m’a pris en charge.

Pourquoi as-tu décidé de parler de ton vécu ?
Il faut savoir qu'Emmanuelle s'est proposée elle-même pour ce témoignage. Elle souhaite partager son expérience et son vécu pour sensibiliser le plus de personne possible.

Nous partageons bien nos connaissances alors pourquoi ne pas partager nos expériences avec la maladie ? Nous devenons trop individualistes. Le manque d’informations a pour résultat un comportement soit irresponsable soit disproportionné.

  • Irresponsable : on sait que quelque chose ne va pas mais on ne consulte pas, on décide d’occulter le problème comme si celui-ci allait s’évanouir comme le petit rhume que l’on peut avoir de temps en temps. Avoir PEUR c’est normal mais ne la laissez pas vous donner une mauvaise influence, prendre les mauvaises décisions.
  • Disproportionné : cancer est synonyme de mort pour beaucoup d’entre nous. La panique nous envahit, et certains en plus de la maladie font des dépressions, perdent vraiment goût à la vie. Alors partager pourra peut-être rassurer.

Quels conseils donnerais-tu aux proches / collègues d’une personne diagnostiquée ?

  • Le cancer n’est pas contagieux alors continuer à vivre de la même manière avec cette personne.
  • N’ayez pas de pitié dans le regard, plutôt de l’empathie.

J’ai toujours préféré quelqu’un de maladroit en face de moi plutôt qu’une personne fuyante sous prétexte qu’elle est mal à l’aise. Mal a l’aise de quoi ? Parce que nous sommes potentiellement en lien avec la mort ? Nous, les personnes malades, nous voulons simplement continuer à VIVRE !!!

Quels conseils donnerais-tu à une personne diagnostiquée d’un cancer du sein ?​​​​​​​

  • Suivre la vague (laisser vous guider par vos médecins : écoutez-les et faites ce qu’ils vous disent), trouver une bonne équipe médicale avec laquelle vous vous sentez bien, en sécurité.
  • Acceptez la maladie. Ne vous demandez pas pourquoi ç’est tombé sur vous plutôt que votre voisin. Vous devez vous concentrer sur l’essentiel : vous, et gardez votre énergie pour avancer.
  • Vivez, ne survivez pas ! Profitez, sortez, aller au resto,  continuer à rire. Faite tout ce qui peut vous faire du bien.
  • Continuez d'être une femme, une belle femme. Quelle tristesse dans ces couloirs où règnent cette pesante incertitude. Mettez des couleurs, portez la gaieté sur vous.
  • Parlez à vos enfants, soyez honnête.
  • Soyez entourer de personnes positives.
  • Ayez le moral c’est essentiel !!!

En lisant ces phrases vous devez vous dire mais elle est dingue! Certaines femmes m’ont mis mal a l’aise alors que nous nous battions contre la même chose. Vous savez, j’ai eu mes périodes d’incertitude, d’angoisse, de douleurs et de larmes. Mes conseils ou plutôt mes suggestions c’est ce qui m’a permis de surmonter cette épreuve. Chacun à son vécu de la maladie, son passé familial, alors nous traversons cette épreuve tous de manière différente. Ce qui compte c’est le résultat : nous entendre dire un jour que le chemin a été long mais que ça en valait la peine car la rémission est là.

Mesdames, le cancer du sein ne concerne pas que les femmes de 50 ans et +. Nous sommes toutes concernées !
Apprenons les bons gestes, il faut s’autopalper régulièrement. 
Messieurs, c’est le moment de passer à l’action ! Vous aussi vous pouvez aider à la palpation (mais uniquement ceux appartenant à votre conjointe biensûr) !
Alors, parlez-en, bousculez vos femmes, vos filles, vos mères et n'hésitez pas à les inciter à l'autopalpation !

https://santebd.org/les-fiches-santebd/cancer/je-fais-une-auto-palpation-je-me-fais-un-examen-des-seins